lundi 18 février 2013

Ces rares nuits de tendresse

Quelle nuit! Et comme avec la distance notre discussion me semble douce, deux adultes allongés sur le plancher! Quelle nuit parfaite! Je jure que j'en sens encore la chaleur. En fait ce qu'il avait fait avec Edith, importait peu, je les épouse dans leur lit adultère, j'affirme de grand cœur le droit qu'ont les hommes et les femmes à ces rares nuits de tendresse, contre lesquelles les lois conspirent. Si seulement je pouvais vivre cela en perspective. Comme les souvenirs de F. filent rapidement, les nuits de camaraderie, les échelles que nous avons escaladées, et le bonheur que procure la vue de ce simple mécanisme humain. Comme les petitesse reviennent vite, et la plus ignoble des formes de propriété, la tyrannie qui s'exerce sur deux pouces carrés de chair humaine, le con d'une femme.

Léonard Cohen - Les perdants magnifiques

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