Aujourd'hui, j'ai envie que
Rilke parle à travers moi. Dans le langage courant, cela s'appelle
traduire. (Comme c'est mieux en allemand, nachdichten ! Tout en
suivant la trace d'un poète, frayer encore la route qu'il a déjà
frayée. Soit pour nach, après, mais il y a dichten, le toujours
nouveau. Nachdichten, c'est refrayer la voie sur des traces que
l'herbe envahit dans l'instant. Mais la traduction signifie aussi
autre chose. On ne fait pas seulement passer une langue dans une
autre langue (le russe par exemple), on passe aussi la rivière. Je
fais passer Rilke en langue russe, tout comme il me fera passer un
jour dans l'autre monde...
Marina Tsvetaïeva
(quand Marina épouse Deleuze)