jeudi 5 juillet 2007

Ecrire - Barthes

Ecrire n’étant ni une activité normative, ni un activité scientifique, je ne puis dire pourquoi, ni pour quoi, on écrit. Je puis seulement énumérer les raisons pour les quelles j’imagine écrire :


1 pour un besoin de plaisir qui, on le sait bien, n’est pas sans rapport avec l’enchantement érotique.

2. parce que l’écriture décentre la parole, l’individu, la personne, accomplit un travail dont l’origine est indiscernable

3. pour mettre en œuvre un don, satisfaire une activité distincte, opérer une différence

4. pour être reconnu, gratifié, aimé, constaté, contesté

5. pour remplir des tâches idéologiques ou contre-idéologiques

6. pour obéir aux injonctions d’une typologie secrète, d’une distribution combattante, d’un évaluation permanente

7. pour satisfaire des amis, irriter des ennemis

8. pour continuer à fissurer le système symbolique de la société

9. pour produire des sens nouveaux, c'est-à-dire des forces nouvelles, s’emparer des choses d’une façon nouvelle, ébranler et changer la subjugation des choses

10. enfin, comme il résulte de la multiplicité et de la contradiction de ces raisons, pour déjouer l’idée, l’idole, le fétiche de la détermination unique, de la Cause (causalité et bonne cause) t accréditer ainsi la valeur supérieure d’une activité pluraliste, sans causalité, finalité ni généralité, comme l’est le texte lui-même.