La bande de criminels qui m'a recueilli
dans la forêt, était constituée de gens qui n'étaient pas des
gens faciles, on peut dire qu'ils étaient violents et ils se
comportaient avec violence à mon égard. Mais c'est chez eux
justement, auprès, d'eux, que j'ai réussi à préserver l'enfant
qui était en moi, cet enfant qui avait conservé un immense espoir,
le grand espoir que cette vie de criminel n'était que temporaire et
qu'après la guerre, je deviendrais ce que mes parents avaient
apparemment espéré que je sois, c'est à dire un intellectuel
européen.
Sans le savoir ces voyous m'ont
inculqué les prémisses de ce que peuvent être des règles
d'écriture : ne parle pas lorsque le besoin ne s'en fait pas
ressentir, ne dis que des choses de façon brève et concise,
tais-toi lorsqu'il n'y a pas lieu de parler.
Lorsque ces criminels ne faisaient
rien, n'étaient pas en action, ils restaient assis et se taisaient.
J'ai compris que le silence était peut-être une forme de langage et
peut-être même le vrai langage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire