samedi 25 janvier 2014

Ecrire - Aharon Appelfeld

La bande de criminels qui m'a recueilli dans la forêt, était constituée de gens qui n'étaient pas des gens faciles, on peut dire qu'ils étaient violents et ils se comportaient avec violence à mon égard. Mais c'est chez eux justement, auprès, d'eux, que j'ai réussi à préserver l'enfant qui était en moi, cet enfant qui avait conservé un immense espoir, le grand espoir que cette vie de criminel n'était que temporaire et qu'après la guerre, je deviendrais ce que mes parents avaient apparemment espéré que je sois, c'est à dire un intellectuel européen.
Sans le savoir ces voyous m'ont inculqué les prémisses de ce que peuvent être des règles d'écriture : ne parle pas lorsque le besoin ne s'en fait pas ressentir, ne dis que des choses de façon brève et concise, tais-toi lorsqu'il n'y a pas lieu de parler.
Lorsque ces criminels ne faisaient rien, n'étaient pas en action, ils restaient assis et se taisaient. J'ai compris que le silence était peut-être une forme de langage et peut-être même le vrai langage.

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