mardi 18 août 2009

Vivre, écrire

"Mais oui, il faut au moins aspirer à l'échec, comme dit le savant de Bernhard, parce que l'échec et seul l'échec reste l'unique certitude qu'on puisse acquérir, dis-je et ainsi moi, j'aspire à cela, si tant est que j'aspire à quelque chose, or il le faut, parce que je vis et écris, et dans les deux cas, c'est une aspiration, la vie étant une aspiration plutôt aveugle, tandis que l'écriture est une aspiration lucide, et ainsi bien sûr c'est une autre aspiration que la vie, elle aspire peut-être à voir ce que la vie aspire à atteindre, et c'est pourquoi, ne pouvant pas faire autrement, elle répète la vie de la vie, elle ressasse la vie comme si elle l'écriture était aussi la vie, alors qu'elle ne l'est pas, ce sont deux choses tout à fait différente, fondamentalement incomparable, et ainsi, si on se met à écrire, et si on se met à écrire sur la vie, l'échec est garanti."

Imre Kertèsz, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas

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